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APPEL AU BOYCOTT

La prise de position de Johan Cruyff

Alors que la Coupe du Monde est censée être la vitrine du football mondial, l'un de ses plus beaux représentants, vu par bon nombre comme le plus grand joueur du monde de l’époque, n’y sera pas. Après avoir qualifié les Pays-Bas en 1977, Johan Cruyff décide de ne pas se rendre en Argentine. Bien que favoris pour la victoire finale, le joueur du FC Barcelone décide de se retirer de la sélection. Connu pour ses prises de positions politiques (il avait annoncé ne pas vouloir jouer au Real Madrid, club fétiche de Franco), le capitaine des Oranje explique ce choix en évoquant la dictature de Videla, qu'il ne cautionne pas.

 

C'est tout du moins ce qu'il avait déclaré à l’époque et cette annonce avait alors fait le tour du monde, il avait même été érigé en héros par les partisans du boycott. Ce n'est qu'en 2008, que Cruyff annoncera que c’est en réalité à cause d'une tentative d’enlèvement à son domicile barcelonais qu'il a pris cette décision. Sous la menace d'une arme, devant ses enfants et sa femme ligotée, il avait très mal vécu cette épreuve. Il ne voulait pas jouer la compétition s'il n’était pas à 200% et avait expliqué qu’à certains moments « d'autres valeurs priment dans la vie ». 

La mésaventure de Michel Hidalgo

Les grandes compétitions actuelles peuvent encore en témoigner… il n’y a qu’un pas entre le sport et la politique. L’idée d’un boycott pour la sélection est écartée, les valises sont bouclées et le Concorde est réquisitionné. En ce 23 mai 1978, veille de départ, plus rien n’empêchera les Bleus de se rendre en Argentine pour disputer une Coupe du Monde qu’ils attendent depuis tant d’années. Plus rien … ou presque ! Alors qu’il se rend à la gare de Bordeaux, au volant de sa voiture, le sélectionneur de l’Equipe de France, Michel Hidalgo, est la victime d’une étrange agression. Forcé de s’arrêter par un véhicule le précédant, il est alors menacé d’un pistolet par deux hommes cagoulés, puis conduit par l’un d’entre eux vers un petit bois limitrophe. Voyant la mort le guetter, Michel Hidalgo réagit et parvient à désarmer son agresseur. Ce dernier va ensuite prendre la fuite avec son complice, resté dans le véhicule des Hidalgo, avec la compagne du sélectionneur.

 

Malgré un heureux dénouement, cette agression résonne comme un ultime avertissement pour l’Equipe de France de football, à quelques heures du départ pour l’Argentine. L’incident ravive le dilemme auquel sont confrontés les joueurs et l’ensemble du staff depuis des mois : doit-on participer à cette coupe du monde ?

Pour celui qui a pris les rênes de l’équipe nationale deux ans plus tôt, c’est l’heure du choix. Et après avoir songé à la démission immédiate, Michel Hidalgo a finalement décidé de poursuivre l’aventure avec les Bleus.

© 2014 par Hugo Lane, Matthieu Mendolia & Guillaume Rathier. Propulsé par Wix.com
 

Dès la fin de l’année 1977, un mouvement de boycott de la Coupe du Monde argentine s’est propagé dans l’Europe et l’hexagone. C’est l’écrivain français d’origine polonaise Marek Halter qui lance le premier un appel au boycott de la compétition contre le régime de Jorge Videla. Soutenu par des intellectuels de tous bords, un comité (COBA) est alors créé et occupera l’espace médiatique durant de nombreux mois multipliant  les actions, manifestations, pétitions, distribution de tracts, meetings, etc. Malheureusement pour eux, le peuple français n’a à aucun moment considéré que son équipe devait refuser de jouer le Mondial, leur premier depuis 12 ans. Devant le faible intérêt des Français pour le boycott (seulement 20% favorable), les hommes et partis politiques se sont tous prononcés en faveur d’une participation de l’Equipe de France.

 

D’autres pays se sont questionnés mais le sport, lui qui est censé être apolitique, a toujours pris le dessus. La question la plus souvent mise en avant était  « pourquoi y réfléchir maintenant alors que les qualifications ont lieu depuis plus d’un an et demi ? ». La ligne retenue sera finalement celle de l’observation sur place pour dénoncer les atrocités lues et retranscrites dans les médias. L’organisation ayant tout prévu, les joueurs ne verront rien des tortures, des exécutions et des opposants jetés en plein vol. Néanmoins, ce boycott a eu quelques répercutions comme le retrait de Paul Breitner, Willem van Hanegem ou la superstar Johan Cruyff ainsi que de la tentative d'enlèvement de notre ancien sélectionneur national...

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